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> référence : "Ciné Live" n°25 (juin 99)

"Etat de garce"

A 4 ans, Sarah Michelle Gellar jouait les Shirley Temple sous les sunlights du soap "All My Children". Depuis, elle a personnifié Jackie Kennedy ado pour un téléfilm, s'est faite couper en rondelle dans "Souviens toi... l'Ete Dernier" et "Scream 2", a décimé des légions de monstres dans la série qui a fait d'elle une star, "Buffy contre les vampires". Dans "Sexe Intentions" (et cet entretien), Sarah Michelle Gellar, 22 ans et déjà vétéran, dévoile sa face cachée...

Par Marc Toullec

Cine Live : Comédienne, vous l'étiez déjà en sortant du berceau. Cette vocation, ce sont vos parents qui l'ont décidée pour vous ?
Sarah Michelle gellar : Non, pas du tout. c'est arrivé par hasard. J'avais 4 ans, je me trouvais avec mes parents dans un restaurant lorsqu'une femme s'est avancé vers moi pour me demander si je voulais faire de la télévision. Elle a noté mon nom, mon adresse et mon numéro de téléphone. Mes parents croyaient fermement que jamais elle ne rappellerait. Quelques jours plus tard, le téléphone sonnait...

N'avez-vous jamais regretté que ce coup de téléphone ait vampirisé ce que vous auriez pu devenir en d'autres circonstances, qu'il ait radicalement modifié le cours de votre existence ?
Au départ, j'ai pris ça comme un jeu. Ca m'amusait, ça m'a permis de vivre des choses uniques que peu de jeunes connaissent. Voyager dans le monde entier, par exemple. Au fil des ans, j'ai pris le métier de comédienne plus au sérieux dans la mesure où il me permettait de m'offrir des études extrèmement onéreuses dans une école de Manhattan. Donc, j'ai d'abord été actrice par envie de m'éclater. Après le lycée, je me suis cependant demandé si c'est vraiment ce que je voulais faire, si cela allait devenir un emploi à plein temps. Même si je travaillais dans le monde du spectacle, je n'y avait pas fait toute mon éducation. J'ai eu de la chance de grandir normalement, d'avoir une enfance comme les autres. Enfin presque, puisque, pour ressembler aux garçons, j'ai renoncé à la danse pour pratiquer le taekwondo ! Mais je n'ai jamais été obsédée par un quelconque plan de carrière.

Finalement, vous êtes comédienne par opportunisme ?
C'est beaucoup plus simple que cela : je suis comédienne parce que j'aime ça. J'ai une chance folle. C'est une bénédiction que de se lever chaque matin avec le désir de travailler. Quand on déteste son boulot, ça doit être un véritable cauchemar.

Vous considérez-vous comme une reine de la terreur à l'écran ? Souviens toi... l'été dernier, Scream 2, Buffy... Vos principaux titres de gloire abondent dans ce sens !
Certainement pas. J'ai certes tourné des films d'horreur, mais mes personnages ne sont pas les pétasses que l'on voit généralement dans le genre. au début, je n'était pas très chaude à l'idée de jouer la reine de beauté de Souviens toi... l'été dernier. A première vue, elle correspondait à la quintessence de la bimbo qui hurle à s'en décrocher la mâchoire. Mais, à la lecture du scénario, je me suis rendu compte que Kevin Williamson ne se pliait pas aux stéréotypes, ils décrivait des personnages réels. C'est pourquoi j'ai rempilé pour Scream 2. Le cas de Buffy n'est finalement pas très différent. Buffy Summers n'est pas la Pamela Anderson de la lutte contre les vampires. Jamais je n'aurais pu tenir le rôle si je n'avais pas accroché à sa personnalité. Ce n'est pas qu'une gentille, mais c'est aussi une fille solide, qui possède une forte personnalité, qui se prend en charge, qui vit les conflits intérieurs que connaissent toutes les adolescentes de son âge. Un âge que je traversais alors. rien à voir avec la blondasse typique des séries télé !

Si vous incarnez aujourd'hui Kathryn Merteuil, la "salope" de Sexe Intentions, c'est pour casser votre image de gentille ?
Ce n'était pas tant pour casser mon image que pour démontrer que j'étais capable de changer de registre, de jouer aussi bien une méchante vicieuse qu'une gentille. Sexe Intentions, je l'ai tourné pour un tas de raisons. D'abord pour incarner la déclinaison contemporaine d'un personnage aussi exceptionnel et connu que Madame de Merteuil. Ensuite pour prouver que je n'étais pas captive d'un seul rôle. C'est très important pour un comédienne d'éviter le cloisonnement, de ne pas pousser le public à vous identifier avec le persoonage qui vous à fait connaître. Dans la vie, je ne suis pas Buffy !

Passer de Buffy la "vertueuse" à un personnage aussi négatif que Kathryn Merteuil n'a pas été trop complexe ?
Rien n'est facile dans ce métier si vous vous efforcez de la faire du mieux que vous le pouvez. Si je suis arrivé là où j'en suis aujourd'hui, c'est parce que j'ai travaillé très dur. Je connais la valeur et l'importance des choses. ce n'est pas le cas de Kathryn merteuil dans Sexe Intentions. Elle vient d'un mlieu privilégié, elle n'a jamais eu à faire le moindre effort pour obtenir ce qu'elle désirait. Rien pour elle n'a de valeur. Et c'est pourquoi elle en veut toujours plus. Elle croit fermement qu'ainsi seulement elle pourra accéder au bonheur. Kathryn Merteuil n'est pas devenue la pire des salopes par hasard. Pour lui donner un peu d'étoffe, la rendre plus réaliste, j'ai regardé autour de moi. Des Kathryn Merteuil, des Sebastian Valmont, j'en connais un car entier !

Et vous glisser dans la peau d'une teigne pareille au vocabulaire particulièrement fleuri, ça ne vous déstabilisait pas trop ?
Le soir, lorsque je rentrais me coucher, je me sentais parfois très mal. J'espérais que personne n'irait penser que j'étais une pareille garce au quotidien. Naïve, je croyais que Ryan Phillippe, mon partenaire, allait m'en vouloir de le persécuter ainsi. Mais ça valait le coup que je me torture un peu les méninges, et Kathryn Merteuil m'intéressait précisément parce qu'elle séloignait de ma propre personnalité. Elle est affranchie, revendique une sexualité totalement libre...Je ne lui ressemble pas du tout, je me sens bien plus proche du personnage d'Annette Hargrove, ma rivale. Faire l'expérience de la méchanceté, du vice devant la caméra, ça me motivait car, dans la vraie vie, cela ne risque pas de m'arriver.

Avez-vous vu Les liaisons dangereuses version 1988, avec Glenn Close et John Malkovitch ?
Oui. En fait, j'ai visionné toutes les précédentes adaptations des "Liaisons dangereuses". Il était important que je ma familiarise avec le rôle. Finalement l'expérience s'est avérée plutôt handicapante parce que j'avais à interpréter une jeune femme de la fin du XXème siècle. Pas une aristocrate du XVIIIème, ce qui est radicalement différent. Je ne pouvais donc me reposer sur la prestation de Glenn Close dans la version de Stephen Frears. En fait, le retour aux sources, au livre de Choderlos de Laclos, m'a été plus utlie ; il m'a permis d'avoir une vision précise et étendue de la psychologie de tous les personnages, de connaître leurs pensées. A partir de là, je me suis construit une image de Kathryn Merteuil en osmose avec son époque.

Vous voir à l'écran, vous aimez ça ?
Mon dieu non. Quelle Horreur ! J'espère un jour avoir suffisamment de recul pour pouvoir supporter mon image. Pour le moment, je ne peux pas me voir en peinture. Quand je me vois, je pense toujours : "Pourquoi cette diction ? Pourquoi ce geste ? Pourquoi cette mèche de cheveux de travers ?". En général, je ne vois mes films qu'une fois et de préférence seule, barricadée. Je suis très critique à mon égard : jamais il ne me viendrait à l'idée de conseiller à des amis d'aller voir un de mes films au cinéma. Je me refuse même à regarder "Buffy contre les vampires" à la télévision. Je jette simplement un coup d'oeil sur un montage mal dégrossi des épisodes, avant le mixage et l'intégration des effets spéciaux. Pas question que j'allume la télévision pour me contempler.

Dans Sexe Intentions, vous avez notamment à assumer une scène très chaude, embrasser une fille à pleine bouche dans un lieu public...
C'est très dur ! Embrasser quelqu'un devant une caméra, même un homme, est toujours très difficile. Un acte aussi intime devant tout ce monde... Mais là, j'ai bien cru que j'allais vomir ! Pour relever le défi, j'avais constamment à l'esprit les raisons de ce baiser. ce baiser a un sens. Dans le cas contraire, j'aurais refusé la scène. Il cristallise la compétition sexuelle dans laquelle s'embourbe Kathryn. Il montre également comment elle entend manipuler Cécile, la dévoyer. Mais ces quelques instants n'ont pas constitué la plus grande difficulté de Sexe Intentions. Ce sont plutôt les dialogues qui demandaient un maximum d'efforts. Venant du théatre, Roger Krumble les avaient rédigés à la manière de ceux d'une pièce. Dans la séquence d'ouverture, qui dure sept minutes, Ryan Phillippe et moi avions onze pages à mémoriser. Sur les planches, c'est très courant. Pas sur un plateau de cinéma. Il fallait que nous leur donnions du dynamisme, éviter l'ennui.

Vous avez bien changé depuis Souviens toi... l'été dernier, depuis les premiers épisodes de "Buffy". Vous n'avez plus l'air d'un gros bébé...
J'en suis consciente. Mais attention, je n'ai subi aucune intervention chirurgicale ! Souviens toi..., c'était il y a trois ans et demi. Pour une adolescente, c'est très long. Entre 18 et 22 ans, les gens se métamorphosent. J'ai donc changé, comme tout le monde. J'ai perdu sept kilos et demi, notamment parce que j'ai arrêté d'avaler la nourriture servie sur le plateau de "Buffy". Elle était vraiment mauvaise, elle baignait dans l'huile. Je n'en pouvais plus de manger des plats frits ! Je suis heureuse de cette évolution physique. Sans cette perte de poids, je ne sais pas si j'aurais été capable de bâtir de nouveaux personnages et de sortir de la peau de Buffy.

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