logo
pixel pixel pixel pixel pixel pixel pixel pixel pixel
accueil news divers forum livre d'or liens contact coin
Biographie
Photos
Films
Multimédia
Articles
Interviews
> référence: "Posters Géants (Best Of)" n°12 (août septembre 99)

"Buffy : l'Histoire derrière l'Histoire"

Vous connaissez tous la célèbre série, Buffy contre les Vampires, mais savez-vous qu'elle fut tirée d'un film resté méconnu ? L'histoire que nous allons vous raconter ici n'est donc pas celle des personnages, mais celle de la série - et du film.

Pour chaque génération, on désigne un - ou plutôt une - "élu(e)", chargé(e) de repousser vampires, démons et autres créatures des Ténèbres. Mais avant que la série Buffy the Vampire Slayer ne soit programmée sur une chaîne américaine pour la première fois, en guise de bouche-trou entre deux saisons, en mars 97, Sarah Michelle Gellar dut affronter un ennemi bien plus pernicieux encore que les monstres hideux du scénario : le scepticisme général à l'égard de la série !

un succés inattendu

Son concept mêlant humour, horreur et romance paraissait voué à l'échec. Cette histoire de lycéenne appelée à combattre les forces du Mal avait d'ailleurs fait l'objet d'un film qui n'avait pas franchement connu le succès. En outre, les acteurs étaient parfaitement anonymes. Et, pour couronner le tout, la série était diffusée sur WB, un réseau au stade du balbutiement qui luttait pout attirer ses tout premiers téléspectateurs. Buffy the Vampire Slayer semblait donc destinée à être rapidement déprogrammée, faute d'audience.
Seulement voilà, la série avait de la gueule ! Son côté sarcastique plut aux adultes et les ados apprécièrent la profondeur de caractère concédée aux jeunes acteurs : bien loin des rôles imbéciles habituels, les personnages de Buffy se montraient sardoniques, anxieux, décidés, nobles... même s'ils manquaient parfois un peu de constance. Et l'incroyable se produisit : les taux d'audience de WB grimpèrent en flèche et la jolie frimousse de Sarah Michelle Gellar se retrouva bientôt en couverture de nombreux magazines américains.

le phénomène Buffy

Aujourd'hui, Buffy the Vampire Slayer -, si vous préférez, Buffy contre les vampires - fait également figure d'élue parmi les séries télévisées, à l'instar de X-Files ou de Star Trek, dont le petit noyau de fans originel enfla démesurément.
Ses aficionados portent des vêtements griffés Buffy, tapissent leurs pochettes de cours de photos d'Angel et échangent quantité de messages angoissés évoquant les intrigues amoureuses nouées à Sunnydale sur Internet. On trouve maintenant des romans, des bandes dessinées,des bijoux et autres accessoires fabriqués sous licence.
Quant à Joss Whedon, le créateur de Buffy, il s'est attaqué à la réalisation d'une seconde série tournée en parallèle, Angel, plus spécifiquement axée, comme son titre l'indique, sur le personnage interprété par David Boreanaz. Et il semblerait qu'il ait également l'intention de reprendre le chemin du grand écran. Deux ans après ses laborieux débuts à l'antenne de WB, Buffy est devenue un phénomène de masse. Mais comment et pourquoi ?

l'avis d'une spécialiste

Le public ne fut pas le seul à témoigner son soutien : les professionnels aussi soulignèrent la qualité de la série. Joyce Millman, une critique américaine réputée, affirma qu'elle fut immédiatement séduite par sa richesse psychologique. "Ce n'est pas la première fois que le lycée est utilisé comme métaphore pour désigner l'enfer - je pense notamment à Carrie et Heathers -, mais Buffy va un peu plus loin", dit-elle. "Buffy et ses amis sont confrontés aux problèmes typiquement adolescents que sont les chagrins d'amour, la cruauté de certains élèves et l'incompréhension des parents ou des profs, mais ils vivent également aux portes de l'enfer et ils ont tous conscience que leurs petits problèmes quotidiens sont insignifiants en comparaison de ceux que leur causent les démons."
Joyce Millman note aussi l'importance de leur mission et l'abscence quasi totale d'adultes dans le combat qu'ils mènent contre les puissances du Mal. "Ce que j'aime dans cette série, c'est que des enfants sont littéralement en train de sauver le monde, alors que les adultes s'imaginent qu'ils ne pensent qu'à eux", précise-t-elle. "Quant à Buffy, je la trouve admirable. Elle ne manque ni de confiance en elle, ni de force physique. On a rarement l'occasion de voir de tels personnages féminins à la télévision. Elle a le sang-froid de Scully et les techniques de combat de Xena. Ce mélange me parait tout à fait imparable."

quel avenir pour la série ?

Buffy n'est toutefois pas immortelle et pas plus que ses indéniables qualités que ses fans ne la protègeront des dangers futurs guettant toute série à succès. Il sera en effet de moins en moins facile à ses producteurs d'en maintenir l'intérêt au cours du temps, vu la hauteur à laquelle la barre a été placée. Le pire, c'est que c'est de la faute de Joss Whedon et de ses sbires... car la première véritable saison de la série (la seconde, donc) était remarquable ! Le côté mythologique occulte s'était renforcé, l'histoire d'amour unissant Buffy et Angel avait pris corps, et deux nouveaux vampires, Spike et Drusilla, avaient rejoint le clan des méchants.
La seconde saison s'acheva de façon très émouvante : Buffy avait perdu sa virginité et Angel, la vampire repenti, avait été rattrapé par la malédiction qu'on avait jeté sur lu. Celui ci étant redevenu mauvais. Buffy sera contrainte de le tuer pour sauver le monde.
Présenté ainsi, cela fleure bon le mélo à deux francs, mais, grâce au talent de Whedon, on ferait mieux de comparer le résultat à Shakespeare - un Shakespeare étonnamment modernisé, version minifupes et rock'n'roll. "On savait tous que Joss [Whedon] avait un imagination extraordinaire", a déclaré Anthony Steawrd Head, l'acteur qui joue le rôle de Giles, " Mais, avec cette seconde saison, il est allé encore plus loin".

l'auteur parle

"La première saison a largement dépassé mes espérances", confie Joss Whedon. "L'inconvénient, c'est que la deuxième a été bien plus difficile. Je me demandais si je serais capable de rééditer l'exploit, si la "magie" serait encore là ? Cela m'a incité à travailler d'arrache-pied, alors ce n'est peut-être pas si mal."
La première mouture de Buffy vit le jour au cinéma, il y a quelques années. Joss Whedon pensa qu'il serait amusant de renverser le stéréotype grossier des films d'horreur dans lesquels de jeunes idiotes criardes et pleurnichardes se font dépecer par des démons.
Buffy the Vampire Slayer, le long métrage, sortit en 1992, Kristy Swanson, Luke Perry, Rutger Hauer et Paul Reubens y tenaient la vedette, mais Fran Rubel Kuzi, le réalisateur, supervisait l'équipe de tournage et Joss Whedon dut donc renoncer aux thèmes plus ambitieux qu'il aurait souhaité développer.
Après avoir écrit - ou réécrit, une tâche lucrative mais souvent ingrâte et artistiquement limitée - divers scénarios hollywoodiens (notamment Twister, Waterworld... et Alien Ressurection, qu'il désigne lui-même comme "la pitoyable humiliation finale de ma pitoyable carrière cinématographique"), Joss Whedon ressuscita Buffy à la télé, mais en gardant cette fois le contrôle complet des opérations.

du rififi chez Buffy

Le succès de la série semble avoir néanmoins pris Joss Whedon au dépourvu. Ainsi, il reconnaît aisément ne pas trop savoir dans quelle direction orienter la suite de l'histoire. "Une partie de la troisième saison reste en suspens", admet-il. "Les personnages vieillissent, ils décrochent leurs diplômes et chacun doit s'occuper de son petit copain ou de sa petite copine. Je pense que le groupe aura, à l'avenir, tendance à se diviser. Tout ne sera pas aussi simple que ça l'était au début, lorsque tout la monde était pote avec tout le monde."
Quant au tournage des saisons suivantes, il paraît des plus hasardeux, puisque Angel fera l'objet d'une nouvelle série à part entière, Whedon et son équipe devront scinder leur temps entre deux projets distincts, un cas de figure qui a déjà porté préjudice à X-Files, lorsque Chris Carter a commencé à travailler parallèlement sur Millennium.
en outre, le potentiel de Buffy demeure inévitablement limité par le fait que le réseau WB n'est toujours pas diffusé dans toutes les villes américaines et que le coeur de cible reste majoritairement ado. En dépit de l'impressionnante progression de ses taux d'audience, aussi bien chez les jeunes que chez les adultes, Buffy n'en est pas moins nettement distancée par le peloton de tête des séries les plus regardées du moment. Or, ceci risque de nuire à son expansion, dans la mesure où sa valeur marketing est un élément-clé du business américain.

le pour et le contre

Naturellement, bon nombre de fans ne verraient sans doute aucun mal à ce que Buffy demeure leur petite série-culte préférée. A tout prendre, le retour à un semi-anonymat vaut peut-être mieux qu'une présence incessante à la une des magazines et surtout qu'une ultime prolongation sur gand écran qui casserait tout son charme.
Joss Whedon se montre relativement évasif à cet égard : il affirme n'avoir aucun projet en la matière, mais sa légitime hésitation à revivre sa frustration passée ne lui permet cependant pas d'en écarter l'hypothèse.
"Ce n'est rien de plus qu'une rumeur - je n'ai aucun film en préparation !", s'écrie-t-il. "Bien sûr, ce serait cool d'en refaire un. Mais, avec déjà deux séries sur les bras, cela paraît difficile à court terme. Je me suis dit que je pourrais adapter la série au cinéma un peu à la Star Strek, mais j'ai aussi envisagé d'envahir la Pologne. Alors on verra quelle option je choisirai..."

Enfin, une dernière inquiètude guette la série, car Sarah Michelle Gellar pourrait préférer donner suite à sa naisante mais prometteuse carrière cinématographique. Joss Whedon se veut rassurant : "Sarah honorera son contrat avec nous et n'ira nulle part ailleurs", lance-t-il avec conviction. Un nouveau défi pour Buffy ?

Stan Svensen

[haut de page]