"Sarah Michelle Gellar : Les secrets de son succès"
Tous les dix ans, une teen queen élue par ceux de sa génération
se voit confier le pouvoir absolu et règne sans partage dans
le coeur des jeunes. Au début des années 90, Molly Ringway,
l'héroïne de Rose bonbon, fut l'une d'entre elles,
à la fois copine et girlfriend idéale pour des millions
d'ados américains.
Mais, exception faite de Britney Spears dans la musique, aucune de
ces stars n'a jamais brillé aussi fort que Sarah Michelle Gellar.
Nous avons analysé les dix raisons de son succès.
Rares sont les artistes qui font l'unanimité. Or, cette jolie Américaine, qui
a fêté ses 23 ans le 14 avril dernier, est connue, reconnue,
et respectée dans tous les pays et sous toutes les latitudes.
Et pas seulement par les jeunes, incollables sur sa vie, sa carrière
et ses goûts perso, mais également par un nombre sans cesse
croissant d'adultes ! L'origine de cette déferlante ? Une série,
"Buffy contre les vampires", diffusées pour
la première fois le 10 mars 1997 sur la chaîne US WB avant
d'arriver sur M6 13 mois plus tard. Au départ, on ne donnait
pourtant pas cher de sa peau, car un programme qui débarque en
remplacement en plein milieu d'année est rarement promis à
une longue carrière. Sans parler de son titre, "Buffy the Vampire
Slayer" (littéralement, "Buffy tueuse de vampires"),
qui n'augurait rien de bon, les mordus de fantastique n'ayant guère
apprécié le film sorti en salles en 1992 aux USA. Son
scénario était également signé Joss Whedon,
mais le résultat était pour le moins anecdotique. D'ailleurs
il est resté inédit en France - un très mauvais
signe ! En effet, même si Kristy Swanson (vue dans "Hot Shots
!" et "Big Daddy") était une Buffy mignonne et sexy à
souhait dans ses jolis vêtements moulants d'éxecutrice,
et que Luke Perry de "Beverly Hills" jouait son petit ami, il n'y
avait vraiment pas de quoi se relever la nuit... de sa tombe !
Sarah a les pieds sur terre
La série est cependant différente et le déclic se produit : le taux
d'audience augmente et le public jeune se passionne rapidement pour
les aventures de cette lycéenne pas comme les autres, quoiqu'elle
leur ressemble, au bout du compte, en bien des points. A l'époque
Sarah, qui a décroché le rôle-titre à l'issue
de son bras de fer avec Whedon (celui-ci la voyait en Cordélia,
pas en Buffy), se trouve dans une petite ville de Caroline du Nord où
elle tourne, aux côtés de Jennifer Love Hewitt ("La Vie
à Cinq"), Ryan Philippe ("Sexe Intentions") et un certain
Freddie Prinze Jr, un slasher-movie écrit pas Kevin Williamson
("Scream 1 et 2") : "Souviens-toi l'été
dernier" - qui, soit doit en passant, se classera numéro 1
au box office américain. "Nous n'avions pas le câble
et je n'avais absolument pas conscience de ce qui se passait",
se souvient Sarah. "Je téléphonais de temps en temps
pour savoir si quelqu'un regardait la série et quel était
notre taux d'audience, que j'imaginais ridiculement bas. Et tout à
coup, l'étincelle ! Des amis restés à Los Angeles
m'ont dit qu'il y avait des affiches de "Buffy contre les Vampires" sur
tous les bus et la presse commença à en parler en termes
très élogieux pendant que les demandes d'Interviews se
mettaient à affluer..." Quelques mois plus tard, sa participation
au très attendu "Scream 2" prouvera également qu'elle
fait vraiment partie des jeunes actrices les plus en vue de sa génération.
Sarah joue dans une série de qualité
Le succès bien légitime de "Buffy" est avant tout dû à l'intelligence
de ses scripts, qui mêlent fantastique, humour et drame avec un
art consommé, et ce, sur un ton résolument adulte. Car
Whedon respecte son jeune public et a fait en sorte d'éviter
que ses personnages soient manichéens, c'est à dire complètement
méchants ou complétements gentils. "Même si
"Buffy" est une série basée sur le fantastique, elle
est paradoxalement bien réelle, dans la mesure où tous
les personnages connaissent les problèmes des jeunes de leur
âge", analyse Sarah. "Les situations ne sont pas stéréotypées
et les intervenants ont de multiples facettes. Buffy n'est pas la plus
jolie fille du lycée et elle se sent souvent rejetée,
car différente des autres teenagers, mais, pourtant, elle l'assume,
ce qui la rend très crédible."
En outre, contrairement à la plupart des séries destinées aux ados, Buffy
contre les vampires peut également être apréciée
par les adultes. "C'est une série intelligente", confirme-t-elle.
"Les parents peuvent la regarder aussi sans mourir d'ennui, il
y a des sujets de discussion et des leçons à en tirer."
Un atout supplémentaire indéniable pour la crédibilité
de la jeune actrice, sans oublier que, depuis le milieu des années
90, la qualité des séries est très nettement en
hausse ("X-Files", "Urgences",
"Friends"...) et que jouer
pour le petit écran n'est plus une tare - bien au contraire !
Ainsi les personnages ont-ils le temps de mûrir, d'évoluer,
et les téléspectateurs de se prendre d'affection pour
eux, beaucoup plus que pour des acteurs vus une fois l'an dans des films
de 2 heures et dans des registres souvent différents.
Le public peut s'identifier à Sarah
Nettement plus sombre que le film, la série profite de l'intérêt du public
pour les créatures de la nuit qui tentent d'investir la petite
ville imaginaire de Sunnydale - une métaphore des horreurs du
lycée, période traumatisante s'il en est. Le casting est
parfait : Angel/David Boreanaz, Willow/Alyson Hannigan, Oz/Seth Green,
Cordelia/Charisma Carpenter, Xander/Nicholas Brendon, Faith/Eliza Dushku...
et, cerise sur le gâteau, la reine Buffy Summers à qui
la charmante Sarah prête ses traits.
Buffy se montre immédiatement séduisante, car elle est humaine, en proie aux doutes et questions
de son âge, mais adulte malgré elle puisqu'elle est l'Elue,
l'Exécutrice, celle qui protège le monde en plantant un
pieu dans le coeur des vampires et en bottant le cul aux goules Une
adulte avant l'âge, comme Sarah, qui, lorsque ses "camarades"
de collège ne se souciaient guère que de leurs devoirs
et de leurs prochaines sorties, menait déjà une carrière
d'actrice parallèlement à sa scolaritéet avait
à son actif près d'une centaine de spots publicitaires,
plusieurs téléfilms, des pièces à Broadway,
quelques films sans intérêt et un talk-show, sans oublier
2 soap-operas, dont "All My Children", qui lui valut un Emmy Award,
l'équivalent de nos 7 d'Or. Sarah et Buffy savent toutes deux
ce que c'est d'être considérée comme une bête
curieuse...
"Buffy est universelle, en ce sens que tout le monde, un jour ou l'autre découvre ce
que c'est que d'être différent et laissé de côté",
explique Sarah. "Comme elle, j'étais loin d'être la
plus populaire au collège. J'étais toujours plongée
dans mes bouquins, et, comme mon travail m'éloignait souvent
du bahut, les autres se vengaient en m'écartant pour me faire
payer ma "différence". Ces années d'école
sont terribles, encore plus peut-être que la vie active, car,
au collège et au lycée, il ne faut surtout pas se démarquer
des autres mais adopter les us et coutumes du plus grand nombre J'en
ai énormément souffert, au point que failli faire une
dépression nerveuse, mais, avec le recul, j'en suis fière,
car j'étais un individu à part entière, pas la
prisonnière d'un moule dans lequel je ne serais jamais entrée.
En revanche, je n'ai que de bon souvenirs de la Professional Children's
School, un lycée privé uniquement fréquenté
par des comédiens, sportifs, etc, où je n'étais
plus une bête curieuse."
Sarah est jolie et forte
Enfin, comme Buffy, Sarah a des talents certains de combattante, puisqu'elle est ceinture
marron de taekwondo, un art martial qu'elle a pratiqué pendant
cinq ans. "Toutes les filles allaient à la danse et tous
les mecs prenaient des cours de karaté, alors, ni une ni deux,
j'ai voulu aller au même endroits que les garçons - j'étais
plutôt futée, comme nana !", souligne-t-ellee avant
d'éclater de rire. Si Sarah, qui réalise 85% de ses cascades
a immédiatement fait l'unanimité dans ce rôle qui
semblait avoir été écrit pour elle, c'est bien
parce qu'elle est le portrait craché de ce que les Anglo-Saxons
appellent "the girl next door" ("la voisine de palier").
Jolie mais pas renversante, intelligente mais pas intello au sens péjoratif
du terme, Sarah a une bonne tête bien faite mais n'est pas un
pur canon [NDV : Dites, vous l'avez déjà regardé
pour dire des anneries pareilles ?]. Son physique ne crée donc
pas de rivalités auprès des autres filles, qu'elle rassure,
et les garçons, qui la trouvent charmante, ne sont pas pétrifiés.
"Les filles aiment ce rôle de femme forte qui, jusque-là,
n'existait pas", affirme Sarah. "Dans les série télé,
les personnages féminins étaient toujours trop nunuches,
ou très sexy, ou trop quelque chose. Finalement, ils n'étaient
jamais réalistes. Quant aux mecs, je crois qu'ils apprécient
que Buffy soit une espèce d'héroïne d'action qui
n'a pas pour autant perdu sa féminité et son humour."
Promue icône des féministes et des lesbiennes, Sarah est
trop souvent confondue avec Buffy par ses inconditionnels, qui ne semblent
pas se rendre compte que, malgré les similitudes, elle est avant
tout une actrice très douée, à l'aise dans son
rôle de garce dans Sexe Intentions). Modèle d'équilibre,
naturelle et décontractée, elle est tantôt garçon
manqué, tantôt féminissme, mais toujours elle-même.
Sarah est sexy et mystérieuse
Ceci explique que, depuis maintenant 2 ans et demi, elle figure systématiquement
en très bonne place dans tous les référendums des
"personnalités les plus sexy du monde" - et plus particulièrement
dans ceux des magazines masculins, où, pour une fois, le naturel
est récompensé ! Voilà qui la réjouit, mais
la gêne aussi terriblement : "C'est très flatteur
d'être considérée comme un sex-symbol, mais je ne
partage pas du tout cet avis", révèle-t-elle "Je
suis mignonne, mais il y a tellement de femmes sublimes que je ne sais
pas trop quoi en penser."
Et c'est précisément ce naturel et un certain sens du mystère soigneusement entretenu
qui ont séduit le plus grand nombre. "Je pense avoir trouvé
le juste équilibre entre trop et pas assez sexy", ajoute-t-elle.
"Si je puis me permettre de me comparer à elles, je suis
comme ces actrices hollywoodiennes des années 40 et 50 qui suggéraient
sans jamais montrer. C'est là que l'imagination du spectateur
intervient et cela te rend beaucoup plus sexy à ses yeux que
si tu étais perpétuellement en mini-short et décoleté
plongeant, perchée sur des talons aiguilles ! En en montrant
trop, on perd tout son mystère."
Sarah est discrète
Vous l'aurez compris, Sarah n'est pas non plus du genre à étaler sa vie privée
à la une des journaux, ni à défrayer la chronique,
ce qui renforce encore le respect que lui portent ses millions d'admirateurs.
Ainsi, il aura fallu plusieurs mois pour qu'elle annonce enfin officiellement
sa liaison avec Freddie Prinze Jr, avec qui elle vit le grand amour.
Mais mieux vaut ne pas lui en demander trop de détails : "J'ai
absolument besoin de garder un jardin secret que seuls connaissent mes
amis très proches", explique-t-elle. "Chacun fait comme
il lui plaît, mais je ne me vois pas aller débaler ma vie
privée devant le monde entier. Cela me rendrait malade ! Et puis,
c'est le mystère qui te donne une certaine aura. J'ai remarqué
que ceux qui racontent complaisamment leur vie sexuelle sont toujours
beaucoup moins considérés que ceux qui gardent une certaine
réserve. Une fois encore, je ne juge personne, mais j'agis comme
je le sens."
Sarah prône des valeurs saines
Ce qui fait aussi le succès de cette star incontournable, c'est que ce petit bout
de femme d' 1m 55 est une grande bosseuse qui prône des valeurs
saines. Ainsi souligne-t-elle qu'elle n'a pu se payer des études
que grâce à son travail, car ses parents, peu fortunés,
n'auraient vraisemblablement pas pû l'aider. De plus, elle a préféré
poursuivre sa scolarité plutôt que de se consacrer uniquement
à sa carrière, ce qui atteste de son bon sens, le milieu
du cinéma et de la télé étant particulièrement
fluctuant.
Professionnelle en diable, Sarah ne se plaint jamais, et ce, même si elle travaille
environ 15 heures par jour. Et, tandis que certains se lamenteraient
de ne pas avoir de temps pour profiter de la vie, elle déclare
: "Je doute qu'il y ait d'autres acteurs de séries télévisées
qui travaillent autant que moi. Je suis tous les jours sur le plateau
et je n'ai pas un seul jour de repos. Mais j'adore la série et
je ne changerais ma place pour rien au monde. J'aime les opportunités
qu'elle m'apporte. Je suis une fille reconnaissante [rires] et je sais
que, sans Buffy, je n'en serais pas où j'en suis aujourd'hui."
Sarah est (presque) une fille comme les autres
Pas capricieuse pour un sou, elle est la première à s'émerveiller de
son succès, qui, s'il est arrivé sans crier gare, il y
a maintenant 3 ans, ne s'est pas non plus fait en une nuit, puisque
Sarah avait déjà 16 ans de métier derrière
elle ! Ceci ne l'a pas empêchée de déclarer il y
a quelques mois : "Si, il y a 3 ans, tu m'avais dit que la série
connaîtrait un tel succès, je t'aurais demandé ce
que tu avais fumé [rires] ! J'étais à la fois enchantée
- ce dont j'avais rêvé toute ma vie se réalisait
- et terrifiée. J'avais peur que cela ne dure pas et que, après
avoir été encensés, on nous descende méchamment."
Elle reconnaît néanmoins avoir vécu un véritable enfer pendant
1 an, quand elle a dû apprendre à vivre comme la star que
Buffy avait fait d'elle, perpétuellement espionnée et
suivie. "La célébrité est une arme à
double tranchant", estime-t-elle. "Il y a 2 ans, tout me terrifiait.
A chaque fois que j'allais dans un aéroport, je tremblais ; je
ne pouvais pas aller à une conférence de presse sans pleurer,
parce que ç'en était trop... Pendant 20 ans, tu vis d'une
certaine façon, et, du jour au lendemain, tout change radicalement
et tu perds tes repères. Il faut du temps pour s'y habituer et
s'adapter. Au bout d'un an, j'ai appris à apprécier la
célébrité."
Sarah est un modèle pour les jeunes
Consciente que des millions de jeunes sont suspendus à ses lèvres et la considèrent
comme un modèle, elle tient à donner une bonne image d'elle,
clean et toujours cool. "Je prends garde à mon attitude
en public, par respect envers les fans", explique-t-elle. "Je
ne bois pas d'alcool quand je sors et je ne suis jamais allée
dans un club avant d'avoir 21 ans [NDLR : L'âge minimum requis
aux USA pour entrer dans une salle où l'on vend de l'acool].
Je trouve que c'est la moindre des politesses de ma part, puisque les
fans de Buffy sont plutôt jeunes et qu'ils ont tendance à
reproduire le comportement de leurs idoles. et puis, je suis une fervente
militante anti-drogue. Je suis très fière de prouver que
l'on peut être cool sans jouer les rebelles."
Raisonnable et respectueuse, Sarah, qui prête son visage aux spots vantant les mérites
du fond de teins Maybelline/Gemey, n'est pas du genre à
déverser son fiel dans la presse. Ainsi, même lorsqu'elle
regrette d'avoir joué dans un film, elle le dit de façon
constructive, sans s'acharner sur le réalisateur ou le scénariste,
comme tant de ses confrères et consoeurs qui feraient bien d'en
prendre de la graine... "Simplement Irrésistible"
m'a donné une bonne leçon, car on apprend toujours en
faisant des erreurs", dit-elle. "Rien que pour cela, si c'était
à refaire, je le referais. Je me suis fait des amis et cela a
également été une expérience enrichissante,
car j'ai appris qu'il ne fallait pas accepter de faire un film qui,
au départ, ne te branche pas énormément juste pour
faire plaisir à d'autres personnes. Et j'ai aussi appris que
même un bon scénario et de grands acteurs ne sont parfois
pas suffisants pour empêcher un résultat médiocre."
Un discours particulièrement philosophe de la part d'une actrice
qui, un an plus tôt, figurait sur les plus hautes places du box-office
avec "Sexe Intentions". "Je préfèrerais
d'ailleurs que les plus jeunes fans de Buffy ne voient pas ce film",
confie-t-elle, en raison de situations qui pourraient choquer ses admirateurs
en culottes courtes. Eh oui, Sarah est aussi responsable !
Sarah ne se repose pas sur ses lauriers
Mais ce n'est pas parce qu'elle est devenue une star grâce à Buffy qu'elle compte
se reposer sur ses lauriers. Se refusant à cracher dans la soupe
- comme David "Mulder" Duchovny, qui débine "X-Files"
à tout bout de champ - et à végéter, Sarah
se partage du mieux qu'elle peut entre sa série-culte et le cinéma,
en veillant à varier les registres pour ne pas demeurer éternellement
abonnée aux rôles d'adolescente. Courant 2001, on la découvrira
sur grand écran dans "The Harvard Man", où
elle jouera une pom-pom girl dont le père, un gros bonnet de
la mafia, fera plonger son basketteur de petit ami dans le monde des
paris, ainsi que dans le thriller "The It Girl", dans
lequel elle interprétera une mystérieuse jeune femme qui
va infiltrer la haute société new-yorkaise et se faire
aimer de l'un des meilleurs partis de la ville... Comme vous le voyez,
on n'a pas fini de parler de Sarah Michelle Gellar !
Laurence Faure
Transcript de Viper
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