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> référence : "X-Posé " n°9 (mars-avril 99)

"Petite fille modèle"

Il était une fois une lycéenne toute simple qui passait ses récréations à tuer des vampires. Sarah Michelle Gellar raconte à Jean Cummings sa vie avec Buffy.

Tout était simple au temps jadis. il y avait d'un coté les feuilletons, et de l'autre les séries. Les feuilletons racontaient une histoire continue, et exigeaient, si l'on voulait tout comprendre, qu'on ne rate aucun épisode. Les séries, en revanche, jouaient éventuellement sur des échos d'un épisode à l'autre, mais chaque fois, c'était une histoire différente, avec sa propre conclusion. Et puis, les producteurs se sont dit qu'il fallait fidéliser le public aussi pour les séries, et ils ont décidé d'introduire ce qu'on appelle dans l'argot de la télévision américaine des "arcs", c'est à dire des intrigues secondaires qui se développent sur plusieurs épisodes, alors même que l'intrigue principale trouve sa propre conclusion à l'intérieur d'un même épisode. Principe intéressant, mais qui a donné lieu à bien des dérives - l'arc permettait de justifier par avance toute fin confuse : les trous et les incohérences allaient être expliquées "plus tard", dans l'épisode suivant, ou même, dans l'épisode suivant l'épisode suivant, ou même...

Jeu dangereux, que peu de séries ont réussi parfaitement. Buffy est l'une des rares à avoir trouvé l'équilibre, à résoudre mathématiquement les cas dans chaque épisode tout en laissant planer d'un épisode à l'autre une angoisse permanente. Ce succès est dû évidemment au talent des scénaristes, mais ceux-ci ont un gigantesque atout dans leur manche en la personne de Sarah Michelle Gellar, l'interprète de l'héroïne éponyme, célébrée par le grand public, mais également par les critiques.

Car, explique la comédienne, le secret de Buffy pourrait bien être qu'elle est une femme-enfant. "C'est une personne qui a vu le destin lui imposer sans préavis une mission, et qui s'est trouvée du jour au lendemain partagée entre des responsabilités d'adulte et ses responsabilités d'enfant. Oserai-je dire que ce qui m'a d'emblée attiré dans ce personnage, c'est que, à cet égard, son histoire n'est pas très éloignée de la mienne ?"

"Je suis en effet fille unique, et c'est tout à fait par hasard que j'ai été amené à faire mon métier de comédienne. Un jour, ma mère et moi étions en train de dîner dans un restaurant qui passait pour être une pépinière de jeunes talents. J'avais quatre ans. Je me suis levée sans raison précise et je me suis mise à chanter. Ce n'était pas encore l'époque de Macaulay Culkin. Personne ne savait comment un enfant pouvait pénétrer dans le show-business. Mais un agent est venu me voir pour me demander si je voulais travailler pour la télévision. J'ai cru qu'il se fichait de moi. C'est tout juste si je savais dire mon nom et mon adresse. Mais il ne plaisantait pas : très peu de temps après, ma mère recevait un coup de téléphone très officiel, et je me suis retrouvé de but en blanc dans un téléfilm."

Mais ce cadeau était un peu un cadeau empoisonné : "J'ai toujours été une enfant enfermée dans un univers d'adultes, et j'avais du mal à trouver ma vraie place. Il y a cependant une différence majeure entre Buffy et moi si l'on veut prolonger la comparaison, c'est que Buffy reste déchirée jusqu'au bout, alors que moi, au moins, je savais, et tout j'ai su très vite ce que je voulais faire. Buffy voudrait rester une enfant, voir le monde, mais elle a cette mission devant laquelle elle ne saurait se défiler. Moi, j'ai senti très tôtle désir de devenir commédienne. Il me plaît donc de penser, toute modestie mise à part, que je suis un peu plus intelligente que Buffy, mais une commédienne finit par mettre un peu d'elle dans son personnage, et vice-versa, quand elle vit longtemps avec ce personnage."

Si Sarah Michelle Gellar n'a pas éprouvé les frustrations de Buffy, tout le mérite, dit-elle, en revient à sa mère, qui s'est toujours arrangée pour qu'elle puisse poursuivre sa carrière de commédienne sans que jamais soit négligée son éducation. New York permettait de concilier les deux choses, mais New York où tout est en général, et l'enseignement en particulier, coùte cher. "Ma mère, avec son salaire de prof, ne pouvait me payer les meilleures écoles. Mais j'ai pu aller dans les meilleures écoles grâce à mes cachets de commédienne. Il n'y a pas eu de conflit entre ma carrière et mes études, puisque, dans une très large mesure, c'est ma carrière qui a payé mes études." Alors qu'elle était encore élève de la High School for Performing Arts, une école dramatique réservée aux jeunes qui ont la ferme intention de faire une carrière de comédien, et qui ne sont pas là simplement "pour voir", Sarah décrochait un Emmy pour son rôle dans la production télévisée All My Children.

Quand il fallait choisir, priorité était toujours donnée à l'enseignement. "J'ai passé mon bac à quinze ans avec une moyenne de 9,67 sur 10. J'aurais pu avoir une moyenne de 9,7 si je n'avais pas choisi l'option trigo ! Tant pis pour moi ! Chaque fois que, pendant mes études, j'avais sur mon bulletin une note inférieure à 16 sur 20, ma mère suspendait mes activités de commédienne. Aucun engagement pour une pub ou pour un film ne tenait face à un examen important. Et la perspective de renoncer à une carrière n'a jamais été tout à fait écartée. Lorsque je suis sotie du lycée, je me suis donnée deux ans pour voir l'évolution qu'allait prendre ma carrière. J'étais prête à retourner à mes chères études si le succès ne venait pas."

Comme on sait, ce n'est pas le succès qui est venu, mais le triomphe. et pourtant, elle n'a toujours pas abandonné l'idée de poursuivre ses études : "J'ai découvert qu'on peut suivre de véritables cours sur Internet, et j'ai bien l'intention de mettre cette possibilité à profit pendant les longues pauses dont je dispose dans ma caravane, lorsque je suis sur un plateau." Elle avoue toutefois que son succès l'a peut-être un peu déboussolée, dans la mesure où, paradoxalement, il lui a enlevé toute vision claire de son avenir : "Quand j'étais petite, je voulais être reporter-photographe. Je me voyais partant pour des safaris photo pour Time ou pour Life. Je me voyais travaillant au New York Times. Je me voyais en Loïs Lane ! Je suis même allée sept ans de suite dans un camp de photographie animalière, et j'ai obligé ma mère à me construire une chambre noire pour que je puisse développer moi-même mes clichés. Oui, si je n'étais pas devenue comédienne, il y a fort à parier que je ferais aujourd'hui du journalisme."

"L'autre effet de mon succès sur ma vie, c'est que, ne serait-ce que pour garder ma santé mentale, je fais beaucoup plus attention à ma vie privée, et je veille à ce que ce soit moi, et non mon personnage, qui rentre chez moi le soir. Je trace des limites très nettes entre ma vie professionnelle et ma vie privée."

D'autant plus que, lorsqu'elle n'arrive pas à se libérer de son rôle de chasseuse de vampires, Sarah Michelle Gellar est bonne pour des cauchemars à répétition. "Quand je suis sur le plateau et qu'un monstre m'attaque, pour moi, il n'y a pas à ce moment-mà plus réel que ce monstre. Et il m'arrive de rêver de certains passages particulièrement effrayants de la série. Je croisque ce qui m'a le plus éprouvée, ç'a été la parenthèse maléfique d'Angel. David Boreanaz, qui interprète Angel, et moi avons eu le temps de devenir comme frère et soeur à force de travailler ensemble depuis plus de trois ans. C'est mon grand-frère. Nous nous aimons d'un grans amour platonique, et il m'a été très difficile d'interpréter les scènes dans lesquelles il était méchant à mon égard et perprétrait de véritables atrocités.

"Nous avons essayer d'installer une cetaine distance entre nous sur le plateau. D'habitude, bous sommes toujours ensemble, nous nous tenons la main... Mais cela n'était plus possible dès lors qu'il allait me torturer et me faire pleurer encore et encore. Seulement, quand je pleurais trop, David revenait me prendre la main et je me souvenais que le monstre que j'avais devant moi n'était pas vraiment un monstre, mais mon copain David. J'avais parfois du mal à faire la différence entre le réel et l'imaginaire..."

Sarah ne compte pas, de toute façon, passer le reste de sa vie à interpréter des chasseuses de vampires. "Pendant très longtemps, il n'y a pas eu à la télévision de rôles de jeunes filles fortes. Je me souviens qu'en tant que jeune téléspectatrice, j'avais beaucoup de mal à m'identifier à une héroïne : "dans une série comme Growing Pains, il y avait bien une petite maline, Tracy Gould, mais elle était maline sans le vouloir. Elle voulait tout simplement être jolie, et parfois, d'ailleurs, elle se comportait de façon idiote. Dans Family Ties, la fille la plus populaire du lycée était censée être Mallory, mais cete Mallory n'était qu'une imbécile. J'avais beau chercher, je ne voyais pas en quoi je pouvais la trouver aimable."

"Il y a aujourd'hui, enfin, de vrais rôles de filles à la télévision. Il y a des personnages qui peuvent être vus comme des modèles par un jeune public féminin. J'estime que mon rôle, que ma responsabilité, dans mon travail de comédienne et dans la vie, est de prouver qu'une fille peut être plus que compétente, plus que forte. Elle peut être indépendante. Et je pense que je prouverai ma propre indépendance en incarnantdes filles indépendantes..."

Jean cummings

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